Une mine au virage de Laaziq ( été 1956 ) , suite .

21/10/2013 21:03 par aitali-ouharzoune-retour-aux-sources

      Une  mine à Laaziq ( été 1956 ),suite .

 

               On nous avait  donc  «  parqués »  au virage de Laaziq  , une sorte de  canyon  à  cette époque-là  avec  deux  versants  abrupts de chaque côté de la route , et …, sous  la garde de soldats  armés  de  mitraillettes ( des MAT 49) nous  fûmes soumis  , de  la  part d’un  lieutenant et de ses sbires , pour la première fois depuis le début de la révolution,  à  un interrogatoire « collectif » des plus étranges  : menaces, propos déplacés , questions insidieuses ….Cette situation nous paraissait  d’autant plus  inacceptable  et bizarre qu’au départ  nous ne  savions pas  ce que   voulaient exactement   les militaires (  on   ne savait même  pas  qu’il y avait une mine enfouie  quelque part sur la route ).

 

          Et puis on nous annonça ,  enfin,  l’existence   de cette mine enfouie sur la route et qu’il fallait ,  sous peine de sanctions , dénoncer  l’auteur  de cet « acte criminel » ……  Les évènements prirent rapidement  une tournure   dangereuse  lorsque le lieutenant , en charge de l’opération , désigna  un jeune homme ,  Houhou , un ancien sous-officier , sur qui pesaient  de  lourds  soupçons ,  pour  désamorcer la mine …Refus catégorique  ,  protestations  générales , palabres  et puis brusquement , outrés  et révoltés , tous nos villageois présents sur les lieux et comme un seul homme  , à leur tête Dda Chavane Ath Belkacem ,   décidèrent de marcher sur cette mine ,  joignant le geste à la parole .

Houhou

         Complètement déstabilisés les militaires, qui ne s’attendaient sûrement pas à cette réaction collective ,   nous  empêchèrent d’avancer  en nous tenant en respect avec leurs armes . Et ce fut à cet instant  que notre lieutenant  ,si sûr de lui auparavant, interpella à très haute voix le capitaine  Bondier ,qui suivait depuis  le   mausolée de Sidi M’hamed Larbi  le déroulement des opérations  :   « - mon capitaine ! - ils veulent tous sauter ! » .  « Non,empêchez-les d’avancer .  J’arrive ».     

                                                     à  suivre .

M’barek Ath Menguellat

02/10/2013 23:07 par aitali-ouharzoune-retour-aux-sources

                                            M’barek  Ath Menguellet

                                                                      par Saidouiza

             Un  témoignage  d’un  homme  de  lettres  ,  Da  Hamou  , daté  de  mars  1990  à propos  du  propriétaire de la maison  bombardée   ( M’barek  Ath  Manguellet  , voir article Le témoin du petit village  ,  page 35  ) )   :   «  C’est  en 1935 ,  à  l’école primaire  supérieure  de  Tizi-Ouzou  que  je l’ai  rencontré  pour  la première  fois      . Il  était  interne et  fréquentait  le  cours  supérieur   où il avait le privilège de recevoir un  enseignement  de qualité . L’année   suivante  , il  fit son entrée  en  première  année  de   l’E.P.S .  D’une solide formation de base,  il  devint  un  brillant élève  régulièrement  inscrit  au tableau  d’honneur.  J’étais en  externat  ,  en  quatrième année  , classe de préparation  au concours  d’entrée  à  l’Ecole normale de  Bouzaréa  .  Par-delà  le  lien de parenté  qui  nous  unissait  ,  nous nous sommes  liés  d’une grande amitié . J’étais persuadé  qu’il  irait très loin  dans  ses  études . On pouvait sans risque d’erreur  le  situer   dans  ce petit  groupe d’élèves   surdoués  de  la  cloche  Laplace -Gauss  ,  courbe mathématique  des  probabilités .  Je  le quittais dans cette  perspective  d’espoir  en 1937.   J’entrai à l’Ecole normale. »

             « Quand  je  le  revis  en  1941  à  Ighil-Bouamas   à  l’occasion  d’une  fête  familiale ,  je  fus désagréablement   surpris ,  peiné ,  d’apprendre  qu’il  avait  interrompu  ses  études  au  motif d’exclusion .  La sanction  qu’il  avait  subie  était  bien  injuste  et  imméritée.  La faute  qu’il  aurait commise  était  d’une   indigente   banalité  .  Dans  un devoir de composition  française , il avait développé   le thème  de la  jalousie  freudienne  . Faisant  dialoguer ses  personnages,  il avait  ciblé le  professeur   avec   une  certaine  note  d’humour  douce-amère ,  une  dame  dont  on  disait  précisément  qu’elle  était  jalouse .  C’était  tout,  rien  que   cela  .  Piètre  professeur  de  lettres ignorant  le courant  littéraire  du surréalisme  en  vogue   !  Inhiber  la  richesse  de  l’inconscient  d’un  adolescent ,  quelle  indigence  d’esprit ,  quelle  médiocre  pédagogie  !  Au  conseil  de  discipline , seul   mon  ancien professeur de français ,  Monsieur  Michel , l’avait  défendu  avec  colère  et  chaleur ,  mais  en  vain.  C’est  ainsi  qu’il a  été  brisé  dans   son  cursus  scolaire  non  pour sa  conduite ,  mais  pour  son  intelligence  précoce ».

           «   Dès  lors  qu’il en  gardait  une  grande  amertume , une  profonde  blessure,  son engagement  politique  devenait  un  exorcisme »   . « Je  le  revis  de  nouveau  en  1946   à Ighil-Bouamas.   Il  militait  activement  dans  le M.T.L.D . ,  parti  intransigeant ,  partisan de la lutte armée.  J’étais  à  l’U.D.M.A. parti   modéré  , partisan du  dialogue. Nous  procédions  souvent  à  un  échange amical  d’opinions.  Il demeurait  toujours   aussi   résolu  dans  ses  convictions.  Sa conclusion était invariable  :  «  Malheur à  celui qui  croît  en  la  parole  de  la  France . »  La  seule   concession  qu’il  me  faisait,  c’était  son  sourire  à  fossettes. »      à  suivre .

Ma kabylie

29/09/2013 23:33 par aitali-ouharzoune-retour-aux-sources

 Ma kabylie     , Tamurt  iw

                                     Par Saidouiza         

    

            Le  village  d’Ighil  Bouamas   avait  sept  "djemaa"   (ihouna )  ,  endroits   couverts de tuiles  rouges   se retrouvaient  les  hommes  pour  converser,  après  les  heures  de  labeur.   C’était  dans  l’un de ces  lieux ,   tajmait   ,   que  s’exerçait   l’autorité  du village . On  s’asseyait  sur  des banquettes   recouvertes  de  dalles  de  pierre ,  ramenées  depuis  les  rivières  voisines,  à  dos  d’âne ou  de mulet…  Dans  « Bandits de Kabylie »  ,  Emile Violard   écrivait en  1894  :  « La paix  ou la guerre  est   décidée ,  en Kabylie,  par  la  Djemaa  ,  réunion  de tous  les  citoyens  du village qui ont atteint  l’âge   l’on peut  supporter  les  fatigues  du  jeûne du  Ramadan .   Tous  ,  jeunes  et  vieux , riches  ou  pauvres , ont  droit à la parole… »  Il  cite  Ernest Renan  (Revue des  Deux-Mondes  1873)   qui   voyait  en  la Kabylie  « un monde  nous  offrant  ce spectacle  singulier d’un ordre social  très  réel , maintenu   sans  une  ombre de  gouvernement  distinct  du  peuple lui-même. »

           Les   villages  kabyles  sont  implantés  sur des  crêtes,  ou  suspendus  là-haut  aux  flancs  des montagnes  .   « Mais  ce  qui  fixe  surtout   l’attention ,  ce  sont  les  villages  blancs  couverts  de tuiles rouges,  jetés  çà  et  là,  au  hasard,  juchés  sur  les  hauts  pitons  ou  plaqués  sur  les  crêtes argileuses ,  accrochés  aux  rocs  abrupts  ou  blottis  dans  les «   ténébrosités »   des   échancrures  », écrivait  Emile  Violard  dans  le même  livre .   Ainsi   ces  villages  ne sont pas   exposés   aux inondations   ;   leur installation sur les  crêtes  permettait  aussi de mieux assurer  leur défense  en cas d’agression . La France coloniale  ne s’y  installa durablement  que quarante années  après le débarquement  de Sidi Fredj  en 1830  .

Nos grand-mères au village

25/09/2013 18:49 par aitali-ouharzoune-retour-aux-sources

    Nos grand-mères au village

                                         Saidouiza

           A  défaut  d’aller à  l’école  , les  filles  et  les femmes  du   village  allaient aux champs et s’occupaient  des travaux de la maison  , elles ne se voilaient pas  ,  portaient  simplement    un châle sur   les  épaules  et ,  pour dissimuler  leurs cheveux  ,     un  mendil   ,  un foulard  noir aux  traits de  couleur  jaune  dont  le pourtour   est  brodé  de  fils de soie  avec ,  à  chaque  angle  ,  des   glands    ( pompons ) multicolores  . En traversant  la djemaa…., elles  baissaient la tête  et pressaient le pas  . La fontaine était  leur lieu privilégié  où elles  se rencontraient pour échanger des informations,  des confidences  et  les  potins  du  village   

              Elles  s’habillaient  de  robes   aux  cols en  V  et  aux  manches   courtes  .  Le  tour du col ,  des  manches  et  le bas de la robe  étaient ornés de  quelques rangs de galons et de zigzag  de plusieurs  couleurs  dont  la disposition ne se faisait pas au hasard,  obéissant à des traditions propres à la région.  La couleur  noire  était  la  couleur reine , elle était disposée de manière à apparaître comme la couleur dominante . Des  ceintures ( Tisfifine )  confectionnées avec plusieurs  mètres  de tresses ( issoura)  multicolores ,   à base de  fils de laine  travaillés  localement , accompagnaient le port  des  robes. A  chaque chose son utilité  :   ces  ceintures  enroulées  autour du bassin   permettaient de conforter le dos des femmes  et  de  servir  d’appui  pour  faciliter le transport des charges  : la  cruche d’eau    , le fagot de bois ,  la corbeille ( akechwal ) de fruits  … , et aussi ,quelques fois ,  un enfant  .   Au niveau de la poitrine, la robe  était légèrement   remontée  pour former une grande poche  ( ichiwi ) , qui servait , à  l’occasion , surtout  aux grand-mères ,  à  porter ou  à  cacher   des  friandises  à  offrir.    Leurs  tenues   étaient  agrémentées   d’un  pagne  ( foudha  pour les fêtes   et  timehremt  ouheless   pour le travail )    , à  rayures  rouges ,  noires et  jaunes ,  noué  autour de la taille et  tombant jusqu’aux chevilles …Cette   ‘ foudha ’  symbolise encore aujourd’hui  la  femme  kabyle  , la  Kabylie  en  fait.

Une mine antichar au virage de Laaziq

20/09/2013 16:16 par aitali-ouharzoune-retour-aux-sources

      Une  mine  antichar  au  virage  de  Laaziq  

 

 

                           Virage de Laaziq à Ath Ali Ouharzoune

      Après l’arrestation , en juillet/août 1956 ,  des sept personnes (voir articles précédents) et  de   leur libération  grâce à l’intervention  de Dda Aomer Ath Cherif  , nous pensions  que le village  allait normalement  retrouver  sa  quiétude  d’autant  plus qu’il ne s’y passait rien  , sauf  clandestinement peut-être   . Même les cotisations étaient collectées dans la plus grande discrétion   depuis l’affaire des faux moudjahidine et de leur  extermination  , de l’incendie des écoles ,   de  l’exécution de personnes soupçonnées , à tort ou à raison , d’intelligence avec l’ennemi  ou  pour  d’autres  raisons …. 

           Et bien non !  Au contraire et depuis cet été 1956  , nos  problèmes ne faisaient que commencer, allant de  mal en pis ,  jusqu’à l’indépendance du pays , en 1962  . Nous  savions , par  ouï-dire  ,  que  des accrochages avaient lieu  quotidiennement sur le territoire national,  que des  mines étaient  de temps en temps enfouies  sur  les ‘routes’ de la région  provoquant des  pertes aux unités de l’armée française ,  mais du côté de notre village  il ne se passait, pour le moment ,  rien . Je me souviens qu’un après-midi nous avions  même assisté, en direct , à partir de tighilt  n Ahmed Amrane,  à l’explosion d’une mine  antichar au passage d’un convoi militaire , sur  une piste , à flanc de montagne ( derrière  la crête des Ouacifs ) : une gerbe de flammes  ,  un nuage de poussière et puis le bruit d’une forte explosion… . On savait aussi qu’un véhicule de l’armée avait sauté sur une mine du côté de Tala N’tazert …,            

                 Et puis un après midi de cet été 1956 , au moment où on ne s’y attendait pas du tout   tous les hommes  du village qui ne s’étaient pas  ‘ terrés ’ quelque part ,  furent , sans ménagement , « raflés » et dirigés , à travers champs ,  vers le virage de  Laaziq ,  sur ordre du capitaine Bondier . Protestations , palabres  ,etc ….  pour enfin  comprendre que le but recherché  par  les militaires  était de débusquer le  présumé poseur  d’une mine sur la route,  non bitumée,   au virage de Laaziq   … en    s’appuyant sur une dénonciation.. . En fait ,  et  nous l’avions appris plus tard ,  de graves soupçons pesaient sur la personne  de Houhou , un sympathique  jeune homme de chez nous ,   fraichement démobilisé  avec le grade de sergent .    A Suivre .

 

Hommage à Mohand Said Ath Yahia

16/09/2013 21:28 par aitali-ouharzoune-retour-aux-sources

Hommage à Mohand Said Ath Yahia

(1926 / 2013)

           Personnellement j'ai appris la triste nouvelle  dimanche , c'est à dire deux jours après le décès survenu vendredi . Au nom de la famille Ait Kaki de Annaba , de Sédrata , de Ath Ali ...je présente nos sincères condoléances à Nadia , à tous ses enfants et parents et toute la famille Ath Yahia . Que le défunt repose en paix , Allah yerhemou . A Dieu nous appartenons à Lui nous retournons . Hamid .

Solidarité Iboudraren

11/09/2013 19:04 par aitali-ouharzoune-retour-aux-sources

Solidarité Iboudraren

 

Lorsque la solidarité n'existe pas entre les citoyens, c'est tout l'avenir des générations futures qui est compromis. Notre belle région à travers sa culture millenaire et ses valeurs ancestrales a été toujours solidaire. Ces valeurs sociales et humaines nous ont accompagnées durant notre jeunesse.

"Notre commune"

 

 

Nos parents, malgré la grande misère, se sont sacrifiès pour que nous reussissons notre vie. Cet acquis fondamental doit nous unir cette fois-ci pour aider nos proches, nos voisins, nos amis. Nous devons coopérer pour aider les générations futures en créant des richesses par le travail.

 

 

"Taletalt"

 

Nous sommes moralement obligés d'apporter notre contribution aussi modeste soit elle par l'acte et non pas par des paroles. L'idée est que les gens du métier accompagnent notre jeunesse dans la réalisation des petits projets qui sont à notre portée.

http://aitaliouharzoune.org/ 

Adhroum Ath Khaled en chantier

09/09/2013 18:52 par aitali-ouharzoune-retour-aux-sources

Adhroum Ath Khaled en chantier

Photos fin Août 2013

 Akham Ath Ahmed ( Oussada )

 Oussada

 Oussada

Ath Said Ouslimane

Ath Said Ouslimane

Ath Said Ouslimane

 Ath Said Ouslimane

 Ruelle n'Ath Amrouche

 Ath Said Ouslimane

 


Restauration de la maison familiale

04/09/2013 18:16 par aitali-ouharzoune-retour-aux-sources

Restauration de la maison familiale

                             par Djamel Ath Kaci, fils de Belaid

                       Photos août 2013

       

Résistances héroiques

17/08/2013 16:51 par aitali-ouharzoune-retour-aux-sources

                                    Résistances  héroiques

                                                                                      Par Saidouiza

                 Le commentaire   d’un ancien  (   Un conseil…,  chapitre vœux ,  page 5 ) :  «… éviter  les  divisions  qui   ont , depuis  la nuit des  temps  , porté  un  large préjudice à la région et au pays .. »  arrive  au bon  moment   pour servir  d’avant-propos  à  une  nouvelle  contribution  de  notre   ami  Saidouisa  ( Hamid ) .

                 La  France    a  mis  quarante  années  ,  après  le  débarquement  de  Sidi Fredj  en   1830 , pour  s’imposer  dans  notre  région ..  Une   arrière  grand-mère  de  Saïd   ,  qui  vécut  jusqu’à  l’âge  de  cent  ans , racontait  comment   les  Français étaient  arrivés  dans  le  village  , alors  qu’elle  était  petite fille . Elle  contait aux  enfants   , le soir au coin du  feu  , l’épopée  d’El-Mokrani   et  d’autres   résistants  qui   s’opposèrent   à  l’occupation française   ….

              

     Cheikh El Mokrani (1815/1873)-Cheikh Aheddad  (1790/1873)

             Dans  l’ouvrage   « Hommes  et  Femmes  de  Kabylie » ,  écrit  sous  la  direction  de  Salem  Chaker  ,  il  est  rapporté  des  propos  tenus  par  Taos  Amrouche    lors  une  conférence   donnée  à  l’Institut  français de Madrid,   le 15 novembre  1941 .  Taos disait : « Chacun sait que la conquête de la Kabylie - pour ne  parler que de mon pays  d’origine – a  été  l’une des plus difficiles que la France  ait   entreprises  .   Chacun sait  - et  je le  rappelle  ici  avec  une  fierté  que  je crois légitime -  que non seulement  la  Kabylie  a  été  conquise  village par village  et rue par rue  , mais  encore maison  par maison… ».

                                 

                                         Taos Amrouche ( 1913/1976 )

             Pour  Taos , le peuple   Kabyle porte  à  la  liberté  un amour  éperdu.  Mais  elle estime  que  cet  amour   « … au lieu de  les sauver  ,  les a perdus… il  n’a  réussi  au cours  de  l’histoire  qu’à  les  faire  chaque fois  se  dresser contre  l’envahisseur  et  lui  opposer  une  résistance  obstinée  ,  désespérée ,  une  résistance  héroïque  mais  bien souvent vaine. »   Car ,  pour elle ,   « Il eût    les  inciter à se  grouper  , à  constituer  une nation et  les  mener  à  la victoire …Cet amour , au contraire ,   les  a divisés  ,  il a  fait  d’eux  un  grand  peuple  et  non  pas  une  nation… »  Propos  amers tenus en 1941 .